LiveMentor : Comment nous avons levé 900 000€ sans perdre le contrôle

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Louis

Aujourd’hui, nous allons parler d’un mode de financement peu répandu : la levée de fonds.

On en parle beaucoup pourtant, de la levée de fonds !

Mais dans les faits, une infime minorité des entreprises qui cherchent à lever des fonds y arrivent chaque année. On parle d’un ratio d’un heureux élu sur 10 000 candidats….

Ce type de financement est souvent décrié pour ses excès.

Nous sommes d’ailleurs les premiers à critiquer certaines startups qui lèvent des montants délirants, sans modèle économique viable, et qui font n’importe quoi avec l’argent récoltée.

Et nous parlons en connaissance de cause… Car c’est exactement ce que nous avons fait dans notre jeune passé.

LiveMentor a utilisé le mécanisme de la levée de fonds à deux reprises :

  • En 2012, pour un montant de 25 000 euros
  • En 2015, pour un montant de 900 000 euros

Nous avons durement appris que la levée de fonds peut constituer un très bel accélérateur… à condition de maîtriser ce que l’on fait de l’argent ! 

Ce type de financement ne sert pas à démarrer un moteur.

Il sert plutôt d’accélérateur à un moteur fonctionnel, qui atteint déjà une belle vitesse.

Dans cet article, nous allons vous partager tout ce qu’il y a à savoir sur la levée de fonds :

1- Comment fonctionne la levée de fonds ?
2- Dans quelle situation faut-il lever des fonds ?
3- Comment obtenir une levée de fonds ? (Les 3 histoires de LiveMentor)

1- Comment fonctionne la levée de fonds ?

Le fonctionnement d’une levée de fonds peut être résumé de manière très simple : on reçoit un investissement financier, en échange de parts de notre entreprise.

Comme le financement participatif (Kickstarter, Ulule) il ne s’agit pas d’une detteC’est le gros avantage de ce mécanisme.

L’entrepreneur qui lève des fonds ne s’engage pas à rembourser une partie du montant chaque mois, avec des intérêts.

Il cède simplement des parts de son entreprise.

L’investisseur espère que l’entreprise va se développer et qu’à la fin (au moment de la vente de l’entreprise), l’argent investi au début vaudra davantage. C’est comme cela qu’il gagne de l’argent.

Par exemple :

Un investisseur investit 1 million dans une entreprise valorisée à 10 millions d’euros. Il obtient donc 10% de l’entreprise.

Au moment de la vente de l’entreprise, 3 ans plus tard, celle-ci ne vaut plus 10, mais 50 millions. La part de l’investisseur (les 10%) a donc une valeur de 5 millions : il a multiplié son investissement par 5 !

Généralement, on distingue deux types de levée de fonds, en fonction de la maturité de votre entreprise :

  • Le capital d’amorçage permet de financer le démarrage de votre activité et ses premiers besoins ;
  • Le capital développement permet de financer le développement de l’entreprise et l’accélération de sa croissance.

Il est important de comprendre qu’à la suite d’une levée de fonds, les investisseurs deviennent actionnaires de votre société. 

Ils disposent donc d’un droit de regard, et parfois de décision, sur les stratégies prises par l’entreprise.

La levée de fonds est avantageuse sous de nombreux aspects, mais son principal danger est le suivant : il est possible de perdre le contrôle de son entreprise !

2- Dans quelle situation faut-il lever des fonds ?

Chaque situation demande un mode de financement propre : la levée de fonds n’échappe pas à cette règle.

La levée de fonds est une option intéressante si :

  • Votre projet a besoin d’une taille critique ou d’un certain nombre d’utilisateurs avant de pouvoir gagner de l’argent. C’est le cas des plateformes comme Facebook ou Instagram par exemple
  • Vous avez besoin de réaliser des investissement très lourds, parfois de la Recherche & Développement, pour mettre votre produit sur le marché
  • Vous avez besoin de conquérir des parts de marché rapidement car un concurrent vous menace
  • Les revenus de votre activité sont différés et vous faites face à un décalage de trésorerie important qu’il faut combler, jusqu’à atteindre un certain nombre de clients permettant la rentabilité
  • L’investissement que vous récoltez va permettre de vendre votre produit à plus grande échelle et accélérer votre croissance. “Si j’investis 10, je sais que je ne vais pas récupérer 20 en retour, mais plutôt 50 voire 100.”

Généralement, on lève des fonds lorsque l’on porte un projet à fort potentiel de développement, sur un horizon de temps qui va de deux à cinq ans.

Les montants récoltés lors d’une levée de fonds vont de quelques dizaines de milliers d’euros, à plusieurs millions d’euros. Tout dépend de la maturité et des besoins de l’entrepreneur à un instant T.

3- Comment obtenir une levée de fonds ? (Les 3 histoires de LiveMentor)

a) Comment avons-nous levé 25 000 euros pour amorcer le démarrage de LiveMentor ?

Nous sommes en 2012 et LiveMentor est alors un projet qui se concrétise.

Avec mes deux associés de l’époque, nous venons tout juste de signer le pacte d’actionnaire qui nous engage mutuellement.

Prochaine étape : intégrer un célèbre accélérateur de startup parisien appelé “Le Camping”.

Nous passons les différentes étapes de sélection pour finalement échouer au dernier tour. Ce dernier tour est l’objet d’un réel affrontement avec un des membres du jury. Il ne croit pas du tout dans notre concept d’éducation en ligne. Il se montre d’une fermeture d’esprit que je n’arrive toujours pas à oublier aujourd’hui…

C’est la grosse déception : en plus de l’accompagnement, Le Camping apportait une subvention de 10 000 euros sur laquelle nous comptions !

Nous étions encore étudiants. Nous n’avions pas le droit au chômage. Aucun de nous 3 n’avait plus de 500 euros sur son compte en banque. On avait vraiment misé sur ces 10 000 euros….

Je me souviens très bien de ce jour.

Nous sommes un vendredi après-midi, et quelques heures après avoir appris que nous n’étions pas retenus pour Le Camping, je reçois un appel téléphonique. C’est Mme. Rubinstein, mon ancienne prof’ de maths en classe préparatoire.

Voici notre discussion :

“- Comment ça va, Dana ?

– Pas terrible, on vient d’échouer à la dernière étape de sélection d’un incubateur, le Camping

– Bon, mais c’est grave ?

– Ils donnent un peu d’argent, ça aurait été sympa

– Pourquoi je ne peux pas investir moi ?”

Mon ancienne prof de maths, première actionnaire ?! Je n’arrive pas à y croire.

Le montant investi, 10 000 euros, me semble énorme à l’époque. 

J’appelle mes associés et nous partons fêter ça tous ensemble au restaurant, avec Mme Rubinstein.

Ce fut une sacrée soirée, qui ne s’est pas terminée là !

Nous commençons ainsi à discuter avec nos voisins de table, un charmant couple de quadragénaires…

Passionnés d’éducation également, ils proposent à leur tour d’investir une somme de 10 000 euros !

Nous venons de trouver notre deuxième actionnaire, en allant au restaurant.

J’annonce alors ces deux nouvelles à un ami, ancien associé-gérant dans un fonds d’investissement, qui est en train de devenir mon mentor. Il me propose à son tour d’investir, une somme de 5 000 euros : en une semaine, nous venons de trouver nos 3 premiers actionnaires et 25 000 euros !

Je ne peux pas oublier mon émotion à la fin de cette semaine. C’était pour moi le signe que ce projet avait un avenir.

J’ai la chance d’avoir construit jusqu’à aujourd’hui des relations exceptionnelles avec ces 3 actionnaires. Le couple a revendu ses parts après quelques années, réalisant un joli multiple.

Ma prof’ de maths m’a laissé racheter les parts au prix initial, sans faire aucune plus-value, pour m’aider à ne pas être trop dilué dans le capital de l’entreprise. Un geste d’une générosité exceptionnelle… !

Et le mentor est toujours là, lui !

b) Pourquoi nous avons refusé un investissement d’1 million d’euros dans LiveMentor ?

Deux ans après cette première levée de fonds LiveMentor progresse, mais ce n’était toujours pas la folie, pour parler franchement.

L’entreprise est dans une situation difficile et nous luttons chaque mois pour notre survie.

Avec mes deux associés, nous travaillons depuis mon petit studio d’étudiant. Notre bureau est une petite table qui se trouve sous un lit Logia qui descend du plafond. La nuit, je descends le lit, je pousse la table, et je m’endors avec l’ordinateur à côté de moi.

Je reçois alors un appel d’un entrepreneur français très connu qui a fait fortune en vendant son entreprise.

Je ne sais pas comment il a eu mon numéro, mais il m’appelle et me parle de son parcours.

Il m’énonce ses succès, tous plus impressionnants les uns que les autres. Je suis au début de mon parcours d’entrepreneur, cela me laisse sans voix.

Après cet appel, nous nous rencontrons. Il me propose alors d’investir 1 million d’euros dans LiveMentor. 

Je ne le sens pas, ce mec. J’ai le sentiment qu’il va vouloir être trop actif dans la société. Il veut voir ce qu’il se passe au quotidien et piloter l’entreprise avec moi.

D’ailleurs, il avoue ses intentions avec une relative sincérité : “j’aime bien jouer le rôle du copilote, je ne suis pas un actionnaire passif”.

LiveMentor est encore notre bébé et je n’ai pas envie de le partager avec une personne extérieure. C’est beaucoup trop tôt.

Je décline alors son investissement, même si nous en avions grandement besoin ! Mes proches pensent que je suis fou !

c) Comment nous avons levé 900 000 euros pour accélérer le développement de LiveMentor ?

Cette fois-ci, nous sommes en 2015.

LiveMentor a passé le stade de l’adolescence et s’apprête à passer à l’âge adulte.

Pour cela, il faut recruter une équipe, construire une plateforme technologique performante et investir dans la pédagogie.

Nous prenons alors la décision d’effectuer une levée de fonds. Nous partons à la rencontre de différents fonds d’investissement à Paris et à Londres pour leur présenter notre projet.

Je découvre un nouveau monde dans lequel il faut convaincre un investisseur d’investir plusieurs centaines de milliers d’euros, lors d’un rendez-vous de 30 minutes.

Je me forme à l’exercice du pitch et prépare mes meilleurs arguments.

Mais comment fonctionne réellement une levée de fonds ?

Imaginez une cour de récréation et un ballon tout seul au milieu. Personne ne veut jouer avec ce ballon.

Maintenant, imaginez un premier enfant qui vient jouer avec. Ça commence à devenir intéressant. Un deuxième enfant vient jouer avec lui. Puis un troisième. Et bientôt, tous les enfants veulent jouer avec le ballon.

Le ballon, c’est la startup. Les enfants, ce sont les investisseurs. Personne n’investira sur un ballon tout seul dans la cour.

Par contre, si plusieurs investisseurs commencent à jouer, alors cela attire tous les autres.

Lever des fonds demande également du temps.

J’ai rencontré pour la première fois le fonds d’investissement ISAI en octobre 2013.

À l’époque, nous n’étions pas prêts pour lever des fonds, mais le contact n’a jamais été rompu.

Ce fonds ne me demandait pas de Business Plan à l’époque. Il n’y a que la courbe de progression de l’équipe et du projet qui compte. 1 an et demi après cette première rencontre, c’est avec ISAI que nous bouclons une levée de fonds de 900 000 euros.

Croyez-moi cela fait bizarre de se retrouver avec près d’1 million d’euros sur son compte du jour au lendemain quand on a passé les 3 premières années de son entreprise à boucler difficilement les fins de mois.

Mais pas question de tout dépenser !

Nos investissements sont mûrement réfléchis. Cet argent doit nous permettre de vivre le plus longtemps possible et d’assurer la pérennité de l’entreprise.

Quelles sont les alternatives à la levée de fonds ?

Ce que je voulais vous montrer aujourd’hui, c’est que les levées de fonds sont paradoxales.

  • D’un côté, elles sont présentées comme un passage obligé pour tout entrepreneur à succès.
  • De l’autre, elles comportent des risques vraiment importants.

Des exemples d’entrepreneurs qui ont totalement perdu le contrôle de leur société, il y en a des dizaines. Je ne vous le souhaite pas.

La levée de fonds pose aussi d’autres questions.

Est-ce que c’est pertinent pour un freelance qui souhaite recruter quelqu’un pour former une agence ?

Et pour cette thérapeute qui a besoin de fonds pour trouver un premier local où exercer ?

Ou pour cette entreprise familiale dans le bâtiment qui doit trouver un peu d’argent pour renouveler son matériel, est-ce que lever des fonds est une bonne idée ?

Non, je ne pense pas.

À mon sens, la levée de fonds n’est adaptée qu’à une infime partie des entreprises françaises.

Alors il faut trouver des alternatives.

Mais lesquelles ? Quels sont les différents moyens de trouver des fonds pour financer son activité ?

J’aimerais avoir votre avis là-dessus.

Ce que je vous propose, c’est de répondre à cette question en commentaire.

Donnez-moi les modes de financement que vous connaissez, ceux que vous avez utilisés, et ceux qui vous intriguent ! Expliquez-moi aussi pourquoi vous choisiriez un mode de financement plutôt qu’un autre.

J’espère que votre expérience pourra profiter aux autres !

Pour aller plus loin, je vous invite à rejoindre  notre formation pour entrepreneurs Création d’Entreprise.

Si vous souhaitez approfondir encore plus vos connaissances, notre blog est là pour vous. Vous pourrez y retrouver différents articles sur le sujet de la création d’entreprise. Découvrez notre liste des meilleurs outils pour la création d’entreprise ou encore un article sur la rémunération d’un dirigeant d’une petite entreprise.

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Louis

Louis est copywriter et rédacteur pour le blog de LiveMentor. Passionné d'éducation financière, il aime partager des bons plans et astuces pratiques pour aider d'autres entrepreneurs et entrepreneuses à se former.