Lydia Rabehi : Le Rôle du Mentor dans un Bilan de Compétences

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Hannah Cassar

Illustration de Lydia Rabehi : Le Rôle du Mentor dans un Bilan de Compétences

Que se passe-t-il dans la tête d’un mentor lors d’un bilan de compétences ?

Je vous ai raconté le parcours passionnant d’Oyhana et son retour d’expérience sur le bilan de compétences entrepreneuriales qu’elle a testé pour LiveMentor. La suite logique était de vous parler du point de vue de Lydia Rabehi, mentor, qui l’a accompagnée dans cette aventure. 

Lydia Rabehi

À quelques jours de la sortie officielle du bilan de compétences LiveMentor, j’avais un tas de questions à poser à Lydia Rabehi. Ses réponses ont été inspirantes et instructives. Je vous laisse découvrir sa vision de l’accompagnement d’un mentor lors d’un bilan de compétences. 

Avant tout, merci Lydia d’être disponible pour cet échange. Je n’ai pas encore rencontré tous nos mentors mais c’est un plaisir à chaque fois que j’ai l’occasion de découvrir un peu mieux l’un d’entre vous !

Juste avant de démarrer, rappelons le contexte.

Tu es coach en création d’entreprise & coach professionnel mais aussi superviseur de coach. Tu accompagnes les entrepreneurs LiveMentor depuis près de 7 mois via plusieurs de nos formations : Marketing Digital, Freelance, Formateur & Coach, Financer mon projet et Productivité. 

Ta double certification de coach, celle de superviseur, ton large panel d’expériences et d’expertises font de toi un mentor idéal pour le bilan de compétences LiveMentor.

Peux-tu me parler un peu de ton parcours justement ? Me raconter, ce que tu as choisi comme études, tes premières expériences dans le monde du travail… Quel chemin t’a menée là où tu es aujourd’hui ?

Lydia: Ah, ça ne va pas être facile ! J’ai fait toutes les études post bac en alternance. J’ai fait une école de commerce pour me préparer au métier de directrice d’agence. Mon premier poste a donc été directrice d’agence d’une banque de détail {une banque de détail exerce une activité de crédit et d’offre de produits de placements auprès de clientèles individuelles : particuliers, professions libérales, entreprises de petite taille (commerçants, artisans…) ou de taille moyenne (PME, PMI), collectivités locales et associations}. Plutôt un poste à responsabilités donc. 

Je suis restée quatre ans dans le domaine bancaire où je pilotais une agence. 

J’avais un portefeuille de clients professionnels. J’accompagnais déjà les entrepreneurs mais comme une banquière. Et je manageais l’équipe de commerciaux dans l’agence. 

La prestance d’un poste d’encadrement à 25 ans me plaisait. Parce que qu’en grandissant, tu apprends de la société, la famille, que l’objectif c’est d’avoir un CDI, d’être bien payée et c’est tout. 

Pourtant, très vite, je me suis rendu compte que le milieu de la banque était très limité en termes de passerelles et de mobilité interne. On entre en poste et on sait que pendant trois ans on reste dans la même agence. 

Je n’aime pas me cloisonner, mais j’ai un profil un peu zèbre et c’était très compliqué pour moi de me dire que je n’allais plus bouger. 

Attention, le milieu de la banque m’a énormément apporté ! C’est là que j’ai découvert le contact avec les professionnels que j’ai adoré !  Justement, les commerçants, les entrepreneurs qui se lançaient, pour qui je devais aussi trouver des financements. Déjà le persona LiveMentor finalement ! C’était une révélation ! Je savais que j’étais faite pour les métiers de relations humaines. 

Alors que je ne connaissais pas encore le coaching, ce qui s’en approchait le plus pour moi, c’était la formation et le conseil.

En tant qu’Alumni de mon école, j’avais déjà eu la chance de donner quelques cours à des futurs directeurs d’agences et j’avais aussi donné des cours à domicile quand j’étais plus jeune, comme Alex d’ailleurs.  Donc le virus de la formation, de l’apprentissage, de la transmission, je l’ai depuis mes 18 ans. 

J’ai donc fait un premier saut, j’ai quitté la BNP. 

What did you say?

Tu n’imagines pas la tête de ma mère quand j’ai annoncé  « Maman, je quitte mon CDI de directrice d’agence en banque ». Je pense qu’elle a failli faire une syncope. C’était compliqué, j’ai vécu cette peur du regard des proches. C’est le cas de beaucoup de gens qui font des bilans de compétences ou qui souhaitent se lancer dans l’entrepreneuriat. Mais je suis allée au bout puis j’ai saisi l’opportunité d’un poste dans le conseil.

Au départ, pour moi le conseil c’était en seconde partie de carrière, je ne m’y autorisais pas, je me disais qu’il fallait avoir de l’expérience et que je ne pourrai le faire que plus tard. Mais j’ai commencé à me renseigner sur le milieu du conseil. J’avais quand même une expérience en tant que manager dans les organisations etc, j’ai une petite expérience de la formation donc j’ai commencé à postuler et après pas mal de retours négatifs une personne m’a fait confiance et m’a recrutée.

Là, dans le consulting je me suis vraiment trouvée. 

Pendant trois ans, j’étais consultante dans deux cabinets de conseil. 

Premier poste en “change management” ou “conduite du changement”. Des missions d’accompagnement des organisations dans leur changement. C’était cool parce que j’étais plutôt dans la dimension humaine et comme je suis un peu touche à tout, je faisais de la com’, de la formation, un peu d’organisation aussi.

Ça me permettait finalement de faire plein de choses dans une même mission.

J’ai alors rencontré pas mal de coachs Agiles et je me suis intéressée à cette approche. J’ai commencé à faire des ateliers de facilitation et j’ai découvert tout un monde. 

Le coaching m’intéressait vraiment et comme à l’époque j’avais encore un sacré syndrome de l’imposteur, je me disais que pour faire, il fallait que je me forme. 

Je me suis donc formée à l’Essec, en coaching professionnel (financé par le CPF !). 

Ça rentrait complètement dans ma projection de carrière. 

Mais, syndrome de l’imposteur oblige, ce n’était pas suffisant. Je me disais “ t’es trop jeune ! T’es coach, mais tu n’as rien vécu  !”. J’ai donc voulu aller plus loin avec une autre formation de coaching chez MHD.

Aujourd’hui je suis doublement certifiée. 

Cela m’a permis d’évoluer en manager dans le dernier cabinet conseil où j’ai travaillé. Je faisais à la fois des formations des séminaires, des team building, du coaching individuel et collectif. Je développais des programmes d’accompagnement dans les organisations sur les thématiques du leadership, de la CNV (communication non violente), de la conduite du changement, des nouvelles transformations du travail en matière RH.

team building

J’étais bien dans mon élément mais encore désalignée parce que ce n’était pas le public que j’avais envie d’accompagner. 

Je ne dis pas que les managers n’ont pas besoin d’être formés ! Seulement, c’était des formations un peu old school de management situationnel. Je me rendais compte qu’on n’avait pas vraiment d’impact, que concrètement nos formations avec cette notion de leadership, d’agilité, de manager coach, n’étaient pas inscrites dans la réalité des personnes qu’on accompagnait, ce n’était pas pragmatique et surtout désaligné de la stratégie globale des organisations que j’accompagnais J’ai besoin de sens dans ce que je fais et je ne m’y retrouvais pas.

Et surtout, je réalisais que ceux que j’aimais vraiment accompagner, c’était les entrepreneurs. Parce que j’avais une expérience en banque, parce que ça m’animait, j’adorais ça et puis au fond de moi j’ai toujours eu envie d’entreprendre.

Et aujourd’hui alors, qu’est-ce qui occupe tes journées ?

Lydia : Aujourd’hui je suis entrepreneure et je travaille en tant que mentor et coach avec différents partenaires comme LiveMentor, mais aussi Business au féminin, France numérique, etc… 

Je viens aussi de lancer mon entreprise, Inspir’up, un concept d’accompagnement spécifique pour les entrepreneurs avec des projets à impact social, solidaire, des projets de RSE ( Responsabilité Sociétale des Entreprises ).

Je me considère avant tout comme experte de l’accompagnement dans lequel j’intègre du mentoring business, plus axé sur la création d’entreprise, le lancement d’activités, etc.. Là j’ai vraiment une posture de sparring partner où je vais être dans la co-construction et l’élaboration des stratégies business.  Ensuite il y a la partie coaching pour des accompagnements de type bilan de compétences et mindset entrepreneurial. 

Dans le mindset entrepreneurial je vois à la fois le développement personnel et professionnel que tu peux trouver dans le bilan de compétences c’est-à-dire comment tu apprends à mieux te connaître sur l’aspect pro sur l’aspect perso, parce que les deux sont clairement liés. Puis il y a la partie efficacité professionnelle, comment tu trouves une organisation propre à ta personnalité c’est l’aspect productivité.

J’ai une dernière corde à mon arc, la supervision de coach et de mentors. Comme il me restait un petit peu de ce syndrome de l’imposteur, j’ai fait une formation de superviseur de coach. Le métier de coach n’est pas réglementé mais aujourd’hui les certifications ont une reconnaissance certaine sur le marché, tu peux donc choisir de devenir coach certifié. 

Il existe trois fédérations de coaching, nous avons un code déontologique et il est conseillé de se faire accompagner par un superviseur. Cette supervision est reconnue au niveau mondial. Elle sert à la fois de soutien pour la pratique de coach ou de mentor, comme pour les thérapeutes, mais aussi pour le développement et l’approfondissement de ton métier.

Dans quelques jours, tu seras aussi officiellement mentor du bilan de compétences entrepreneuriales de LiveMentor. Comment en es-tu arrivée là ?

C’est Mohamed, le responsable des mentors, qui m’en a fait la proposition. 

Mohamed me fait confiance depuis le début. On échange pas mal sur mes accompagnements, sur ma vision du mentoring, du coaching. Et LiveMentor est toujours à la recherche d’amélioration, comme la montée en compétence de ses mentors. Donc ça fait partie des sujets sur lesquels on échange, vu ma casquette de superviseur. 

Spontanément quand le projet d’un bilan a émergé au mois d’avril, Mohamed m’en a parlé pour avoir mon avis. Il savait en plus que j’en avais fait un donc il était intéressé par la posture de coach et la valeur ajoutée que ça pourrait avoir sur ce type d’accompagnement. 

C’est Manon qui avait fait vraiment toute l’ingénierie pédagogique du programme au préalable. On avait pris le temps d’échanger, elle me demandait aussi mon avis sur la Méthode LiveMentor parce que Manon s’en est beaucoup inspirée pour le bilan. J’ai fait mes retours, puis finalement au mois de juin, Mohamed m’a proposé de mettre en pratique le programme qu’il avait conçu avec Manon. J’ai donc réalisé le pilote du bilan de compétences entrepreneurial de LiveMentor en accompagnant Oyhana.

construire pédagogie

Pour un bilan de compétences il y a toujours trois même phases à respecter : les phases préliminaire, d’investigation et de conclusion. Ce qui fait la différence entre un bilan et un autre c’est la relation avec la personne qui va t’accompagner mais aussi ce qu’on va utiliser comme moyens et outils dans les différentes phases.

Tu n’avais jamais fait d’accompagnement de bilan de compétences auparavant. Qu’est-ce qui t’intéresse et te tient à cœur dans ce projet ?

Lydia: Il y a cette fameuse envie de transmettre sachant que  je suis moi-même passée par là. Malgré tout, je sais ce qu’un bilan peut apporter. 

Ce qui m’a plu aussi c’est le challenge. Mes drivers, ma motivation première, c’est l’action, la découverte, c’est la création…

Là, on sort des sentiers battus, on est les premiers à créer un bilan de compétences au format hybride. Je me suis tout de suite demandé comment je pouvais intégrer cette dimension et cette posture de coach dans un bilan de compétences.

Intellectuellement c’est hyper stimulant pour moi. 

Avec l’approche de LiveMentor, en plus de l’accompagnement personnalisé qui vient fixer un objectif sur mesure et adapté à la nature du projet, il y a des vidéos qui vont permettre de développer des compétences, des connaissances sur l’entrepreneuriat, la reconversion professionnelle. 

Je trouve ça enrichissant, cette phase d’intersession, elle donne le temps de digérer et de cheminer ce qui s’est dit en séance. Les vidéos sont adaptées aux différentes phases du bilan et nourrissent le parcours et les échanges avec le coach. On peut rebondir sur les sujets qu’il a vus. La reconversion, le co-développement, comment construire un business model, comment bien s’associer…

Si j’ai les bonnes informations, je crois que tu as réalisé toi aussi un bilan de compétences à un moment ?

Lydia: Oui, c’est ça, je l’ai fait entre la banque et le conseil alors que j’étais un peu perdue. 

À l’époque je ne savais pas ce qu’étaient slasheur, zèbre et multi potentiel. Pour moi, comme pour beaucoup de zèbres, c’était dur. J’avais l’impression d’être instable, que je ne trouverais jamais ma voie. J’ai besoin de stimulation intellectuelle permanente donc je m’ennuyais vite. 

Je me disais, “Tu as tout ce qu’il faut et tu n’es quand même pas heureuse”. Avoir un métier alimentaire je ne sais pas faire, j’ai besoin d’aimer ce que je fais, d’y voir du sens, cela fait partie de mon épanouissement en tant que femme. Au fond je savais que je voulais être dans les métiers d’accompagnement et être entourée d’entrepreneurs mais ce n’était pas clair. J’ai réalisé que je n’y arrivais pas toute seule, j’avais simplement besoin d’être accompagnée. C’est pour ça que j’ai fait ce bilan de compétences avec une conseillère en évolution professionnelle près de chez moi.

Tu n’as pas trouvé exceptionnel l’accompagnement dont tu as bénéficié pour ton bilan.

Maintenant que tu es de l’autre côté, quelle est ta vision du rôle du mentor dans le bilan de compétences entrepreneuriales ? Comment fais-tu pour installer une relation seine et productive ? Qui es-tu face au demandeur  ?

En effet, je ne dirais pas que j’en garde une mauvaise expérience, mais je sais maintenant que le bilan de compétences est une structure d’accompagnement hyper puissant.

Le mien ne m’a pas appris grand-chose. Il y avait une trame, j’ai travaillé sur mes compétences, mon CV, mais au fond, je n’avais pas besoin d’aide pour postuler sur LinkedIn. Ce dont j’aurais eu besoin c’est d’un accompagnement émotionnel, orienté professionnel, ça m’aurait beaucoup plus apporté. 

C’est vraiment le lien que tu crées avec la personne qui t’accompagne qui fait la différence. J’ai vu que la posture était hyper important pour que le bilan de compétences soit vraiment puissant et efficient. 

Finalement, la demande explicite dans un bilan de compétences c’est “je veux entamer une reconversion, une transition professionnelle” mais la demande implicite c’est “help, je suis perdue et j’ai plein de doutes”.

La partie mindset est déterminante et la posture de coach permet de l’identifier et de déclencher le travail sur la connaissance de soi et de ce qu’on veut réellement.

La clé pour moi, c’est ici encore de trouver l’équilibre entre la posture du mentor et celle du coach. C’est un réajustement constant. 

Il faut à la fois avoir cette posture très pragmatique, où tu vas faire vraiment un travail sur les expériences, les compétences, sur du personal branding. Tu dois pouvoir challenger, donner du feedback, partager ton expérience, donner des perspectives nouvelles en faisant diverger, apporter ton expertise sur certains sujets, etc… C’est le mentoring.

équilibre posture mentor

A côté de ça, il faut une vraie posture de coach. Une posture basse avec de l’écoute pour créer une relation de confiance et identifier les blocages et les croyances limitantes. Réussir à être vraiment dans l’intention de la relation. L’objectif, c’est qu’il n’y ait pas de rapport de dépendance. Mon enjeu principal en tant que coach est de rendre autonomes et responsables les personnes que j’accompagne. Le challenge est de pouvoir accompagner les bénéficiaires à puiser dans leurs propres ressources internes à avancer et atteindre leurs objectifs. 

L’idée étant de combiner les deux postures dans un même accompagnement. 🙂  Je m’adapte également à la demande initiale et la personnalité du bénéficiaire … Chaque accompagnement est singulier. Donc je bouge constamment mon curseur en fonction des paramètres de l’accompagnement et de la matière que m’amène le bénéficiaire. Un vrai job d’équilibriste ! 

Tu penses donc que tous les mentors ou coachs ne peuvent pas accompagner n’importe quel demandeur ?

Lydia: Non, on se choisit. On peut se dire que j’ai de l’expérience, pourtant, je sais que je ne corresponds pas à tous les demandeurs. Surtout pour un bilan de compétences, c’est important de prendre le temps de choisir la personne qui va nous accompagner.

matching mentor bénéficiaire

Chez LiveMentor l’équipe pédagogique s’occupe de ce matching et il est bien fait donc c’est presque un avantage qu’il soit fait par un tiers, mais ce matching est hyper important. T’as beau avoir la posture les compétences de coach, de mentor de savoir comment il faut faire un bilan de compétences… Le fond, c’est quand même la relation, on est dans l’humain et parfois, ça ne prend pas.

C’est une conviction profonde concernant les métiers de l’accompagnement, je le redis, on se choisit. Même en tant que coach, que mentor. On a chacun nos engagements dans la relation. En fait en tant qu’accompagnant, on est dans un objectif de moyen et non de résultat.  C’est-à-dire qu’on se doit de donner les moyens de créer la relation dans l’écoute, de donner les outils mais on n’a pas la responsabilité de l’atteinte de l’objectif du coaché et ou du mentoré. Donc si lui ne fait pas son job, s’il  ne fait ses 50% de la relation on a le droit en tant qu’accompagnant de dire non. 

D’ailleurs il y a deux types de contrat, celui de coaching (contractuel) qui détermine le cadre de l’accompagnement et le contrat moral. 🙂 Je suis garante du cadre, de la sauvegarde de la relation et de l’écologie personnelle du bénéficiaire mais il a également des engagements contractuels et moraux vis-à-vis de la relation.

Et puis, plus j’avance dans le temps dans mes accompagnements plus j’ai des appétences pour certains publics que j’ai envie d’accompagner bien sûr.

Je le vois notamment Inspir’Up, ma boite. Ce qui me parle aujourd’hui c’est des entrepreneurs en création lancement et développement avec des projets à impact positif. Mais après ça ne veut pas dire je ne suis pas dans l’inclusivité ou que je m’interdis d’accompagner d’autres personnes.

C’est vraiment une relation forte qui se crée pendant ces 12 semaines. Qu’est ce qui se passe pour toi émotionnellement lorsque tu t’engages dans cette relation ? Qu’est-ce que ça t’inspire ? Comment tu installe ce fameux équilibre ultra important entre empathie et distance ?

Lydia: C’est ça, ce sont les bons mots. En fait, je dois  préserver mon écologie personnelle et celle de l’autre. Forcément tes accompagnements te nourrissent et généralement en tant que coach, on n’est jamais choisi par hasard, il y a généralement eu un transfert du côté du coaché et/ou du mentoré. Forcément, ça fait écho en toi à ce que tu as vécu à tes propres expériences. Ce n’est pas systématique, mais combien de fois mes accompagnements m’ont renvoyée à des choses de ma propre personnalité, de mon parcours, de mes croyances limitantes, mes peurs.  Il y a certains de mes coachés et de mes mentorés qui m’aident aussi dans mon développement personnel et professionnel.  Ce n’est donc pas simple de trouver l’équilibre et c’est pour ça il faut un superviseur. Il faut se faire accompagner en fait.

La posture méta aussi est une aide précieuse. C’est cette capacité, pendant les accompagnements et après, à prendre du recul sur la relation, sur ce que tu vis, sur ce que tu ressens. Parce qu’on est humain quand on est coach donc forcément il y a pas mal d’émotions et de réactions à gérer. La posture méta nous fait analyser “pourquoi j’ai ressenti cette émotion quand il m’a dit ça, pourquoi j’ai eu cette réaction, ce jugement…” tous les bavardages internes pendant l’accompagnement.

recul mentorPuis il faut faire un petit bilan, une rétrospective après les séances pour se remettre en question et garder la bonne distance pour soi, mais aussi pour l’autre, pour le protéger. De toute façon les transferts ont lieu, ils sont naturels, il faut les accepter en tant que coach Seulement il est important de bien les identifier, d’avoir ses “warnings” qui disent là “attention” pour toi ou pour l’autre. 

Finalement ce qui est le plus important c’est de prendre des décisions, faire des actions en conscience et dans l’intention de la relation. Faire les choses en conscience (qu’est-ce-que je fais et pourquoi je le fais), c’est ma ligne de conduite en tant qu’accompagnateur 

Il y deux types de bilan LiveMentor. Celui qui aide à répondre à “est-ce que je dois me lancer” et celui qui répond à “je suis entrepreneur et je me demande si je ne dois pas retourner vers le salariat” ou “mon expérience entrepreneuriale a pris fin, comment est-ce que je rebondis maintenant ». 

Toi Lydia Rabehi, comment est-ce que tu identifies le moment où il faut bondir ou rebondir ? Comment parlerais-tu de ces deux approches ?

Lydia: Je dirai qu’il n’y a jamais de bon moment. 

Ce que je vérifie et valide toujours, pour protéger l’écologie personnelle justement, c’est si d’un point de vue émotionnel le coaché est prêt. C’est important parce que sur le plan émotionnel ce n’est pas simple d’être entrepreneur et de se rediriger vers du salariat. Généralement il y a des croyances un peu limitantes, des blocages psychologiques, on se dit “ je ne suis pas capable” ou  “je n’ai pas réussi, je suis dans une posture d’échec”. Même lorsque ce n’est pas après un échec, ce n’est forcément pas un choix, ça peut être la fin de droits au chômage avant que le projet décolle par exemple… C’est alors compliqué pour un entrepreneur de se diriger à nouveau dans le salariat.  

Pour les cas inverses, suite à un burn out par exemple, certains se disent qu’ils veulent changer de vie, être entrepreneur, ils idéalisent l’entrepreneuriat comme la solution ultime. Là aussi, la question se pose sur le plan émotionnel de savoir si c’est le bon moment ou pas. 

Je dirai que le prérequis, à valider avant même de commencer l’accompagnement, c’est de se demander “est-ce qu’il est prêt à ça ?”, “est ce que c’est pour les bonnes raisons ?” 

L’objectif d’un bilan de compétences est très concret, en trois mois il faut qu’il y ait un plan d’action, qu’il y ait une avancée. Il faut parfois structurer un projet, c’est très pragmatique ! 

On a fait un travail sur soi, mais on doit aussi ressortir avec quelque chose de concret. Même si ce n’est que partiellement atteint, il faut être suffisamment solide d’un point de vue émotionnel pour le réaliser.

D’expérience, je me rends compte que se lancer dans l’entreprenariat ou retourner dans le salariat, est rarement anodin. Il y a toujours une histoire de vie derrière, émotionnellement c’est chargé. Je commencerai toujours par vérifier l’alignement sur ce plan-là

Est-ce que toi, en tant qu’entrepreneure, en tant qu’indépendante, tu envisages de retourner vers le salariat un jour ? Est-ce qu’il y a, parmi les personnes que tu accompagnes, des profils pour lesquels il te semble évident que c’est ce qu’il faut faire ? 

Pour ne rien te cacher, quand j’ai lu ton mail, je me suis dit mais pourquoi elle me pose cette question et finalement, quand tu me la poses comme ça, je la trouve hyper pertinente.

Il y a un an, je t’aurais dit “Mais non ! Retourner dans le salariat, pour moi ça serait un échec” parce qu’à l’époque, j’avais besoin de me prouver que j’étais capable d’être entrepreneur. Aujourd’hui, je pense que j’ai fait la paix avec moi-même, je sais que je suis capable de retourner dans le salariat et que ça sera un choix conscient.

Je me suis trouvée dans l’entrepreneuriat, je suis complètement épanouie, j’ai  un super projet et j’ai envie d’aller au bout. Mais je pense qu’à partir du moment où tu as trouvé ta mission et du sens dans ce que tu fais, tu es bien avec toi-même.

Finalement entrepreneuriat ou salariat, c’est plus l’impact qui compte. Je pourrai très bien, dans 2 ou 3 ans, travailler dans un incubateur, je serai toujours avec des entrepreneurs et ça m’irait ou bien retourner sur du B to B je ne m’interdis rien 🙂 Je suis ok et à l’aise d’avoir plusieurs phases successives de vie pro. Je trouve ça amusant et stimulant. Mais pour le moment j’ai envie de donner la chance à mon projet Inspir’Up, une belle étape de vie et de réalisation je l’espère ! 

Attention, l’entrepreneuriat c’est quand même un lifestyle, des valeurs, mais je n’exclue pas du tout, une option salariat pour l’avenir.

À part ça, depuis que je suis coach, j’ai appris l’humilité et qu’il faut se rappeler qu’on n’est pas à la place de l’autre. 

En fait, la projection et la vision qu’on a de lui  n’est pas la réalité, chacun a sa carte du monde. 

Je pars toujours de ce que j’observe de l’autre, c’est naturel et c’est normal. C’est la première impression, on émet tous une forme de jugement sur ce que l’on voit mais il faut se dire et se répéter sans arrêt “le jugement que j’ai sur l’autre n’est pas la réalité, ce n’est pas sa réalité, c’est ma réalité, la mienne, par rapport à mon expérience mes convictions”. Bon, on peut avoir une bonne intuition, je suis assez intuitive, mais j’ai quand même une ligne de conduite de me dire “ok, Lydia, il y a peut-être un jugement et ce n’est pas grave, tu as peut-être un avis sur ce qui serait bon pour elle, pour lui mais c’est à lui de faire son chemin et tu peux te tromper. 

Tout ce que l’on pense, ne sont des hypothèses.

Ce n’est pas évident, parce qu’on nous a appris à juger à conseiller. Surtout avec un background de consultante et de directrice en banque. Mais c’est la puissance de la posture de coach, la posture basse. 

Je pars du principe que personne ne peut dire ce qui est bon pour l’autre.

faire son propre choix

Ça a vraiment l’air incroyable, ça donne envie d’échanger avec toi et d’entamer ce bilan de compétences, il a l’air super ! Est-ce que tu crois qu’il est fait pour tout le monde ?

Lydia: Je suis désolée, je vais te faire une réponse de zèbre et je vais sortir du cadre. En fait, je pense que toute personne devrait se faire accompagne, globalement. Pour apprendre à se connaître, pour être acteur de sa vie et de son projet professionnel. 

Donc là, ça dépasse même le bilan de compétences qui est un cadre et un référentiel génial. 

L’important c’est le contenant, c’est ce qu’on y fait, qu’il s’appelle bilan de compétences, coaching, mentoring ou triple coaching mentoring.

J’irai même plus loin, je pense qu’il y a quelque chose à faire dès l’enfance. Pour moi il y a un gros manque d’accompagnement sur l’orientation, sur la connaissance de soi, ce que tu aimes vraiment faire et pourquoi, quels sont tes talents, tes potentiels… 

C’est l’intelligence émotionnelle, l’estime de soi, ça s’apprend et ça se développe. C’est dommage que l’on se pose des questions sur nos compétences, des “comment se valoriser  »  à 40 ans, à 30 ans ! 

Ce bilan de compétences, bien sûr qu’il peut s’adresser à tout le monde et tous en auraient besoin à un moment de leur vie, même une personne qui dit avoir une vocation.

Ne serait-ce que pour consacrer du temps à faire le point, la vie pro, c’est trop important, ce n’est pas seulement gagner de l’argent, c’est aussi d’une certaine manière se développer apprendre à se connaître et s’épanouir.

Si la philosophie de Lydia Rabehi vous a aussi donné envie, vous pouvez désormais vous inscrire et profiter de l’une des 15 places disponibles pour le bilan de compétence de LiveMentor !

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