Lucile Joan : Du service civique au copywriting

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Aurélie Surget

Illustration de Lucile Joan : Du service civique au copywriting

Aujourd’hui on vous présente Lucile. Après un parcours semé de doute et de nombreuses envies, elle se tourne vers l’entrepreneuriat. Découvrez son histoire. 

Présente-nous ton parcours Lucile :

Je m’appelle Lucile. Au départ, je voulais cuisiner. J’ai effectué un BTS Hôtellerie-Restauration. Grâce aux stages, je me suis rapidement aperçue que le métier de cuisinière et moi, ça ne collerait pas. J’ai poursuivi mes études par une licence et un master en sciences sociales appliquées à l’alimentation. Étudier pourquoi les gens mangent ce qu’ils mangent, c’était passionnant.

Master fini, je me suis retrouvée à devoir démarrer ma vie professionnelle. Sans aucun projet. Je n’avais pas envie de travailler, aucun métier qui m’attire malgré une belle ribambelle de stages. Bref, il a quand même fallu que je m’y colle, ne serait-ce que pour continuer à savoir ce que je n’aime pas faire.

Après un service civique, j’ai travaillé une petite année comme salariée d’une structure publique, sur un thème passionnant : l’alimentation durable. Ce sujet avait beau être intéressant, ça n’a pas suffi à me faire aimer mon travail. Sombrant progressivement dans un mal-être de plus en plus invivable, j’ai dit stop et j’ai posé ma démission. Je me suis sentie si libre le jour où j’ai osé le faire ! C’était en décembre 2019. Passé les quelques semaines de festivités, j’ai dû me rendre à l’évidence : pas de boulot, pas d’envies professionnelles, pas de rêve fou qui me trotte dans la tête depuis longtemps. Je ne voyais aucune piste
de « sortie », aucun espoir pour moi de trouver un boulot qui ne me débecte pas. Par contre, j’avais envie de faire plein de choses autres que travailler.

Quel a été le déclic pour entrer dans le monde de l’entrepreneuriat ?

Oscillant entre joie de faire ce que j’aime (peindre, jardiner, cuisiner, écrire, voir mes amis) et déprime en voyant ma vie professionnelle au point mort, j’ai commencé à participer à des coachings de groupe. J’ai regardé des conférences sur les multipotentiels, sur le travail, j’ai écouté des podcasts.

De fil en aiguille, j’ai commencé à avoir des idées de ce que je pourrais faire pour occuper ma vie professionnelle. Le temps continuait à défiler. Au bout de 6 mois, il a fallu passer à l’action : toutes ces conférences et podcasts avaient beau être intéressants, ils ne m’apportaient pas de réponses concrètes sur ce que j’allais faire comme boulot. Je me suis donc dit : « j’aime écrire, je vais tester la rédaction web » + « ça fait plusieurs années que je sais faire des sites web et que j’aime ça, pourquoi ne pas essayer d’en faire pour d’autres personnes ? » Dès que je pensais à un boulot salarié, j’avais envie de vomir, je me suis donc tournée vers l’entrepreneuriat.

Ton expérience LiveMentor et les débuts de ton projet

C’est comme ça que ma route a croisé celle de Livementor et de la formation copywriting, que j’ai pu effectuer grâce à Pôle Emploi. Pas à pas, j’ai amadoué la formation et j’ai réveillé ma confiance en moi. J’ai déconstruit quelques croyances. Notamment celle bien ancrée de travail = chiant. J’ai aussi pu m’autoriser à imaginer une vie professionnelle où j’aurai du temps pour moi, sans être obligée d’être à fond H24.

Le coaching a été d’une aide précieuse pour me donner une ligne conductrice et m’aider à poser un pas devant l’autre. Après un mois de formation, j’ai déclaré ma microentreprise. Je n’ai pas hésité concernant le statut, pour une bébé entrepreneure comme moi, c’est un statut qui me va très bien.

Avec le recul, j’aurais dû attendre d’avoir mes premiers clients. Comme je bénéficie de l’ACRE, deux mois sont passés sans que je puisse bénéficier de la réduction des charges, n’ayant pas fait de CA. Au bout de 2 mois de formation, j’ai ressenti l’envie de pouvoir mettre concrètement en pratique ce que j’apprenais dans les cours. J’ai donc créé rapidement un petit site internet WordPress, où je m’amuse à raconter des histoires. Cela m’a permis d’avoir une bonne raison d’écrire, de m’entrainer à trouver des mots-clefs qui fonctionnent et à structurer mes articles.

Ton projet

Je vais être honnête : je suis loin d’être convaincue qu’être rédactrice web va me convenir. J’ai lâché l’idée de trouver une activité dont je parlerais avec passion sur LinkedIn. Je n’aime pas travailler, et pour le moment, c’est toujours le cas. Par contre, j’aime rendre service, j’aime avoir des clients, j’aime le travail bien fait, j’aime apprendre de nouvelles choses. Et surtout, ce que j’aime par-dessus tout, c’est de pouvoir faire les choses à ma manière, un vrai kif. C’est tout ça qui me fait me lever le matin. La différence avec mes boulots et mes stages d’avant, c’est que quand je me dis « je pourrais faire ça pendant 2 ans », je n’ai pas envie de partir en courant dans la seconde qui suit. Et ça, c’est déjà un truc ÉNORME pour moi.

Quelles sont les prochaines étapes dans le développement de ton projet ?

Maintenant, l’objectif est de trouver suffisamment de clients pour pouvoir vivre de mon activité. Ce n’est pas chose aisée. Ça me demande de sortir régulièrement de ma zone de confort. Alors j’y vais pas à pas, histoire d’éviter de devenir une patronne tyrannique et sadique avec moi-même.

Je dirais que l’objectif principal de ma nouvelle vie pro est de trouver ce qui me fait envie, d’arriver à partir de moi, de ce qui me fait vibrer. Il y a encore du boulot, mais j’avance sur ce chemin et c’est l’essentiel. Un autre de mes objectifs est d’arriver à donner de la valeur à ce que je fais, en l’expliquant avec pédagogie à mes clients. Pour le moment, j’ai collaboré avec d’autres entrepreneurs qui ont parfois du mal à comprendre l’utilité d’un texte bien écrit et optimisé pour les moteurs de recherche.

Doutant moi- même de mes capacités à écrire un texte qui fait mouche, il m’est encore difficile d’argumenter pour
montrer l’utilité de mon travail. Il m’arrive aussi de passer de joies en déconvenues lorsque je réalise qu’un nouveau client va me payer 50 euros mon article de 1500 mots sur un sujet qui demande des recherches approfondies. Oui, j’étais bien trop contente d’avoir un premier client si facilement que j’en ai oublié cette rémunération inadaptée.

Il y a des moments où je suis 100 % en kif et d’autres où je suis perdue, sans savoir si je crois vraiment à mon projet. Là aussi, mon but à moyen long terme est de réduire l’ampleur de ces montagnes russes, pour voir la lumière même pendant les tempêtes. Pour ça, je sais que j’ai besoin de libérer l’artiste qui est en moi.

Si tu devais recommencer à 0 demain, que changerais-tu ?

Si je devais recommencer à 0 demain, je ne sais pas ce que je changerais, car j’ai eu besoin de passer par toutes ces phases pour en être là où j’en suis. Néanmoins, je pense que je serais plus douce avec moi-même. Avec le recul, je me rends compte de tout ce que j’ai été capable d’accomplir alors que j’étais dans un état de paumitude avancé avant de démarrer.

Un conseil pour les personnes qui veulent se lancer ?

Si tu as envie de te lancer, vas-y et fais-le à ta manière. Essaye d’être indulgent(e) avec toi. Tu pourras toujours avoir un meilleur mindset, un meilleur positionnement, une meilleure offre, mais tout ça, ça vient avec le temps et l’entrainement. Oui, moi aussi je suis déjà allée baver devant le site internet d’entrepreneurs avec 5 ans d’expérience ou plus, en me disant « waouh, comme elle a l’air en accord avec ce qu’elle aime faire, je veux être pareil ». Si c’est de l’inspiration positive, OK, si c’est un moyen de se flageller, ciao.

Et pour un conseil plus technico-pratique, je dirais, prends le temps de tester des petits tips d’organisation que tu trouves à droite à gauche. Par exemple, un tips que Mathilde Avenati m’a transmis : faire mon planning de la semaine le vendredi soir et pas le lundi matin. Comme ça le lundi matin, je me sens d’attaque dès le début de la matinée. Et si j’ai envie de prendre une matinée de tranquillité le lundi matin, c’est inscrit dans le planning, comme ça zéro culpabilité. Et grâce à ce système, je prends au moins une demi-journée de tranquillité par semaine. C’est un des mégas kif de ma vie de freelance. En plus de pouvoir faire les choses comme j’aime et de travailler avec des gens divers et variés !

Pour aller plus loin…

Vous avez aimé le portrait de Lucile ? Découvrez celui de Lugi Joseph, d’Ismaël Ahnaouiyak et Jeremy Pollet qui ont un parcours similaire.

Pour retrouver l’ensemble de nos portraits d’entrepreneurs, c’est par ici.

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