LiveMentor : Un cours en pyjama à 900 000 euros

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Valentin Decker

Il y a 5 ans, j’ai donné mon premier cours en ligne et ce fut le début de LiveMentor.

Après une levée de fonds de 900 000 euros, vient le temps de retracer ce formidable et terrifiant voyage.

Mais d’abord, LiveMentor c’est quoi ?

LiveMentor est une école sur Internet pour les entrepreneurs, freelances et indépendants.

Nous avons formé en ligne plus de 100 000 élèves l’année dernière avec toujours le même objectif : les aider à réaliser leur projet.

Au menu, différentes formations en ligne gratuites et très interactives comme :

  • Comment se faire connaître sur Internet
  • Comment réussir en freelance
  • Comment créer son site internet en 3 semaines
  • Facebook : de A à Z

L‘origine de LiveMentor

Nous sommes en octobre 2011. J’ai 23 ans, j’habite à Paris et je suis étudiant.
Je donne des cours à domicile depuis 3 ans et j’adore ça. Mes élèves ont des niveaux très différents, de celui qui n’a plus du tout confiance à une surdouée hyperactive.

En ce mois d’octobre 2011, je reçois un appel téléphonique différent des autres. Il s’agit d’un élève qui habite Annecy et me propose d’utiliser Skype pour donner mes cours.

Un peu perplexe, je me laisse quand même tenter pour un premier cours ! Je me souviens avoir préparé avec beaucoup plus d’attention que d’habitude. Le jour J, je suis chez moi en pyjama. J’hésite à mettre un pantalon. Réalisant l’absurdité de cette réflexion, je garde finalement mon pyjama et j’allume Skype.

Je stresse pour rien : Sébastian est un mec super sympa et ça fonctionne à merveille. Je lui envoie des documents et cherche des informations complémentaires sur Internet. Ce truc marche !

Durant les semaines suivantes, nous continuons les cours et je commence à faire le bilan suivant en opposant les cours en ligne aux cours classiques :

  • Mes cours sont de meilleure qualité : je peux envoyer des documents (fiches, exercices) à Sébastian pendant le cours ou chercher des ressources sur Internet.
  • Pour Sébastian, je suis bien plus disponible : je peux lui donner un cours depuis n’importe où, il me faut juste une connexion Internet correcte et un ordinateur.
    Un peu refroidi par ma première expérience de création d’entreprise, je ne pense pas tout de suite à créer LiveMentor.

Quelques mois plus tôt, j’ai déposé le bilan de TopPrepas, un projet obscur qui a réalisé un chiffre d’affaires total de 16 euros sur 4 mois d’activité. Un résultat à la hauteur d’un logo fantastique…

Pour la petite histoire, ce logo acheté 800 euros était en réalité disponible sur une banque d’images pour la somme de .. 10 euros. On enseigne à nos élèves entrepreneurs comment construire un site avec un design efficace sans se ruiner dans la formation Marketing Digital

Je suis donc hésitant à l’idée de relancer un projet.

Formation d’une équipe improbable

On voulait être 3 fondateurs

Dès le début de l’aventure, il est évident qu’on va la créer à plusieurs cette boîte. Déjà parce que Charles, mon meilleur pote dans mon école, adore autant enseigner que moi.

On commence à passer tout notre temps libre à discuter de ce projet.

Est-ce que le projet avance concrètement durant ces longs mois ? Oui et non.

  • NON : On ne fait que parler et boire du thé. On aurait mieux fait d’apprendre à créer notre site Internet pour lancer vite une première version
  • NON : On ne sait pas du tout comment se faire connaître ! On passe nos journées à embêter nos amis pour qu’ils likent notre page Facebook au lieu d’apprendre vraiment à créer une communauté.
  • OUI : Nous devenons obsédés par l’éducation en ligne, on ne pense plus qu’à ça.

“Séances de travail intenses”

Pas d’étude de marché

À l’époque, on ne mesure pas notre marché et on a plutôt raison car ça ne sert à rien (on en parle dans les commentaires si vous n’êtes pas d’accord)

On se pose des questions bien plus métaphysiques !

  • Comment apporter une aide personnalisée à chaque élève ?
  • Est-ce qu’on peut apprendre en ligne ce que l’école traditionnelle n’apprend pas (la confiance, le courage de prendre des risques, etc..) ?
  • Est-ce qu’on aura un toboggan dans nos bureaux ?

C’est une époque formidable où nous sommes plus rêveurs qu’entrepreneurs puisque rien n’est lancé !

À la recherche d’un directeur technique

En parallèle, nous recherchons un troisième associé, le fameux directeur technique. Pendant 6 mois, on s’est levés le matin avec un seul objectif : trouver un troisième associé.

Objectif : trouver un troisième associé

Nous partons faire tous les événements web de Paris. On enchaîne les événements, 3 ou 4 par semaine. On découvre la réalité des événements web, qui n’est pas toujours rose et remplie de mercenaires.

Les “mercenaires”, ce sont les agences, les responsables d’incubateur, les consultants, bref tous les types qui voient les startups comme une ruée vers l’or. Sauf qu’eux vendent les pelles au lieu de creuser.

Au bout de 4 mois de recherches, nous désespérons de trouver ce troisième associé !!

Grégoire

Enfin, un soir, nous rencontrons Grégoire qui vit à Nantes. Un respect immédiat s’installe, c’est une bonne rencontre ! Grégoire apprécie ma volonté de créer une première version du site sous WordPress

Pendant 6 mois, nous faisons des allers-retours entre Paris et Nantes et Grégoire prend naturellement le rôle de troisième associé. Sans le savoir, l’équipe fondatrice est constituée. Pourtant nous partons en toupie.

Zone de confort et mauvaises décisions

Après 6 mois de travail à distance entre Paris et Nantes, nous sommes un peu épuisés. Rien n’avance comme prévu.

Nous faisons alors une énorme erreur de débutants : Au lieu de sortir de notre zone de confort et progresser, nous commençons à chercher d’autres associés.

Un après-midi, sans réfléchir, j’appelle Cynthia, une amie designer qui me donne à l’époque des cours sur Photoshop. Je lui propose de rejoindre l’aventure en tant que directrice artistique et associée. Cynthia a les compétences et réalise notre premier logo.

Mais quelques problèmes structurels apparaissent :

  • Cynthia est la seule à ne plus être étudiante : en s’investissant sur LiveMentor, elle a plus à perdre que nous (le revenu de ses missions en freelance).
  • Cynthia a elle un loyer à payer. Nos situations de Tanguy vivant encore chez leurs parents sont bien plus simples à gérer…

Après 4 mois, nous discutons de ces problèmes structurels. Cynthia passe en freelance pour terminer les projets en cours. Tout se déroule bien mieux à partir de cet instant !

On rédige de nouveaux statuts et on tient cette fois l’équipe fondatrice définitive : Grégoire, Charles et moi.

Récemment, Cynthia m’a dit qu’elle était très reconnaissante d’avoir eu cette expérience. Et c’est un sentiment partagé !

Une équipe, ça se construit.

Avec Greg et Charles, nous ne sommes pas des amis d’enfance. Quand on me demande “comment tu as trouvé tes associés ?”, je réponds :

“Emballer en soirée, c’est facile. Tenir jusqu’au mariage, c’est beaucoup plus dur !”

La vraie question n’est donc pas de trouver des associés, mais de bien bosser avec les associés. Avec Grégoire et Charles, nous venons de milieux familiaux, sociaux, géographiques ou religieux très différents. On a appris à bosser ensemble petit à petit, les rôles de chacun évoluant régulièrement. Aujourd’hui, nous constituons un triangle indestructible, mais ça n’a pas toujours été le cas.

Pour nous, la construction de l’équipe est passée par :

  • de longues séances de travail à coup d’allers-retours entre Paris et Nantes.
    de moments fondateurs comme un Nouvel An passé ensemble, parce que c’était le seul créneau disponible pour qu’on se retrouve tous.
  • Grégoire décide finalement de monter sur Paris, ça commence à ressembler à quelque chose !

Prof de maths et voisins de restaurant : nos 2 premiers actionnaires

Tout commence encore par un appel téléphonique, un vendredi en fin d’après midi, avec mon ancienne prof de maths en classe préparatoire

“Comment ça va, Dana ?”
“Pas terrible, on a plus d’argent du tout”
“Pourquoi je ne peux pas investir moi ?”

Mon ancienne prof de maths, première actionnaire ?!? Je n’arrive pas à y croire. Le montant investi, 10 000 euros, me semble énorme à l’époque.

Nous partons fêter ça au restaurant. Ce fut une sacrée fête.

Nous commençons à discuter avec nos voisins de table, un charmant couple de quadragènaires. Passionnés d’éducation également, ils proposent à leur tour d’investir une somme de 10 000 euros ! Nous venons de trouver notre deuxième actionnaire, en allant au restaurant.

Finir ses études, changer deux fois de nom et survivre !

On se lance. Rien ne se passe comme prévu et on est pas loin de la mort, plusieurs fois. Le produit ne fonctionne pas. Le marché n’est pas exactement là où on l’attendait. Personne n‘a confiance dans les cours en ligne.

On reçoit des conseils contradictoires “d’experts” avant de se rendre compte que personne ne peut nous aider : c’est à nous de bosser, seuls.

La tension s’est canalisée autour de 3 points pour LiveMentor :

  • gérer nos études
  • les changements de nom
  • des finances très limitées

Le statut d’entrepreneur-étudiant

Pendant longtemps, nous nous sommes plaints de notre condition d’entrepreneur-étudiant. On aurait aimé avoir bosser quelques années pour pouvoir toucher le chômage au moment de se lancer. En vérité, il n’y a pas de statut parfait et être étudiant a quelques avantages :

  • On effectue une transition en douceur vers l’activité à temps plein d’entrepreneurs
  • On prend des risques parce que l’on n’a rien à perdre !
  • On reste dans une logique d’apprentissage : au lieu d’apprendre nos cours de comptabilité, on commence à apprendre des choses utiles pour LiveMentor

Changer deux fois de nom

À l’origine, on s’appelait LearningShelter. Un nom trouvé sans une énorme conviction, après plusieurs heures de brainstorm et inspiré d’une chanson des Rolling Stones.

On s’est vite rendus compte de deux problèmes :

  1. Personne n’arrivait à retenir ce nom ! Certains de nos premiers élèves ne le connaissaient même pas, après avoir pris des cours pendant plusieurs semaines.
  2. Pour un anglo-saxon, LearningShelter fait écho au “Animal Shelter”, le refuge pour chiens et chat…

Rapidement, on décide de changer pour devenir HelloMentor, un nom qu’on adore.

Moins d’un mois après le changement, le jour d’Halloween, nous nous faisons attaquer par une autre entreprise sur notre nouveau nom.

Quand on referme la lettre de l’Institut national de la propriété industrielle, on se sent un peu seuls.

Je vous passe les mois de bataille judiciaire, la bêtise du droit français sur la propriété intellectuelle, les frais d’avocat, etc.. On aurait pu passer encore quelques années devant les tribunaux.

On a décidé de retourner bosser et de choisir un troisième nom qu’on adore maintenant : LiveMentor

Des finances limitées

À côté des études et des problèmes juridiques, nous avons été confrontés à un troisième problème : pas d’argent !

Le premier fonds d’investissement français, c’est Pôle Emploi, mais impossible de toucher une allocation pour nous, étudiants. On avait juste des réductions pour le cinéma. Du coup, on a donné des cours sur notre site pour survivre, plusieurs centaines d’heures !

Conclusion : on a eu peur

Je parlais en introduction d’un voyage formidable.

Formidable, parce qu’addictif, de ces drogues qui illuminent vos jours mais vous empêchent de dormir la nuit. Incroyablement stressant aussi, terrifiant parfois. Cette histoire, ce n’est pas la fausse histoire de Facebook que nous sert Hollywood. On n’a jamais écrit d’équations magiques sur un tableau, encore moins loué de villa avec piscine (mais cela viendra !). Je vais être franc avec vous : c’est une route qui fait peur et qui ressemble plus à la Route des Yungas qu’à un roadtrip californien.

C’est la peur qui glace l’écrivain devant sa page blanche et qui paralyse Coppola sur le tournage de son chef d’œuvre.

On a eu peur de ne pas former la bonne équipe. Peur de ne jamais rembourser nos prêts étudiants. Peur de ne jamais pouvoir inviter une copine au restaurant (le sex appeal de l’entrepreneur, on ne l’a vu que dans les films !). Peur d’arrêter nos études. Peur d’énerver nos amis avec des phrases où LiveMentor est plus un signe de ponctuation qu’un sujet de conversation parmi tant d’autres, obsédés que nous sommes.

Une jolie vision

Aujourd’hui, LiveMentor a donc annoncé une levée de fonds de 900 000 euros. Ce n’est qu’une étape ; une nouvelle ligne de départ et non un drapeau d’arrivée !

Toutes ces étapes difficiles nous permettent de donner un enseignement concret et pratique à nos élèves entrepreneurs, freelances et indépendants.

Dans chacune de nos formations en ligne et gratuites, on partage un état d’esprit qui plaît visiblement !

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