Reprendre une entreprise artisanale : le guide indispensable
Reprendre une entreprise artisanale, c’est l’autre façon de devenir chef d’entreprise. Selon la Chambre des métiers et de l’artisanat (CMA), entre 30 000 et 40 000 artisans sont prêts à céder leur entreprise chaque année. Au lieu de commencer votre projet à partir de 0, vous pouvez acquérir une entreprise artisanale déjà bien installée.
Si, aux yeux de certains, cela n’a pas le même prestige que le fait de bâtir son entreprise, cette option offre pourtant tout autant de défis et de satisfactions. Voici un guide complet pour vous faire découvrir cette opportunité méconnue et sous-estimée.
Bienvenue dans l’univers entrepreneurial du repreneur.
1. Qu’est-ce qu’une entreprise artisanale ?
Une entreprise artisanale exerce une activité de :
- Création ou fabrication
- Transformation
- Réparation
- Ou prestation de services d’un artisan
Elle compte en général de un à une quinzaine de salariés, et peut couvrir un large spectre de commerces. Ce sont par exemple tous les métiers de création artistique : créateurs de bijoux, de céramique, de décoration, mais aussi les couturiers. Dans l’alimentation, les activités artisanales désignent les boulangers-pâtissiers, les chocolatiers, les bouchers, les fromagers, les métiers de la restauration. Dans le bâtiment, il y a les plombiers, les maçons, les couvreurs et les électriciens. Du côté des services, l’activité artisanale comprend les mécaniciens, les coiffeurs, les maroquiniers mais aussi les services de micro-informatique.
Aujourd’hui, il existe des entreprises artisanales dans les domaines de l’éco-construction et de l’isolation, des technologies propres, etc.
Vous trouverez la liste des professionnels de l’artisanat sur le site internet de la Chambre des métiers.
2. Pourquoi reprendre une entreprise artisanale…
… Au lieu de partir de 0 ?
Statistiquement, un repreneur ou une repreneuse a plus de chance de réussir. Entre 80 et 85 % des entreprises qui ont fait l’objet d’une transmission sont pérennes au-delà des 3 ans. Pour la création d’entreprise, ce chiffre s’élève à 65 à 70 %. Ce sont les chiffres donnés par les chambres des métiers et de l’artisanat.
Pourquoi un tel écart ? Car avec une reprise, vous disposez d’une entreprise qui a déjà :
- Un concept
- Des produits ou des services
- Un outil de production
- Une histoire
- Du personnel qualifié qui exerce un savoir-faire particulier
Élément clé d’un fonds de commerce, l’entreprise bénéficie aussi d’une clientèle établie. Elle dispose également d’un réseau de partenaires : des prestataires, des fournisseurs, etc. Vous faites l’acquisition d’une activité qui génère déjà un chiffre d’affaires et qui vous donnera immédiatement un revenu.
Reprendre une entreprise artisanale vous permet donc de gagner du temps et de sauter par-dessus toutes les étapes de la création d’une activité. Vous pourrez bénéficier d’un développement économique plus rapide.
Il y a donc 2 démarches différentes :
- La création d’entreprise, si l’on a une idée de produit ou de service innovant
- La reprise d’entreprise, si l’on souhaite devenir chef d’entreprise
Dans le deuxième cas de figure, vous disposez d’un éventail de possibilités plus large.
L’inconvénient, c’est que cela coûte plus cher d’acheter une entreprise en état de marche. Chaque commerce est différent, mais en moyenne, vous devez compter 200 000 €. Nous verrons qu’il existe des incitations financières et des aides pour vous accompagner lors de votre acquisition.
3. Quelles sont les conditions à réunir pour pouvoir reprendre une entreprise artisanale ?
Il y a 2 aspects importants à prendre en compte : savoir comment identifier une activité artisanale qui a du potentiel, et se prémunir contre les risques liés à la reprise de celle-ci.
Les critères pour trouver une bonne entreprise artisanale
En premier, vous devez déterminer le type de commerce que vous souhaitez reprendre et le statut juridique (SARL, SAS, SASU ou EURL).
Ensuite prospecter. Pour savoir si l’entreprise est rentable, vous devez vérifier :
- Est-ce que l’outil de production est en bon état ?
- Est-ce que les employés ont les compétences requises ?
- Est-ce que la clientèle est là ?
- Est-ce que le coût de l’entreprise correspond à sa valeur économique ?
Vous devez mener une analyse approfondie et vous entourer de professionnels comme un expert-comptable, un notaire et un avocat. La Chambre des métiers et de l’artisanat (CMA) de votre région dispose d’un réseau d’experts qu’elle peut mettre à votre disposition.
Vous devez rassembler le maximum d’informations sur l’entreprise et étudier :
- Le bail commercial
- Les résultats financiers
- Les contrats de travail
- Les fiches de paie
- L’état de l’outil de production
Vous devez mener un diagnostic interne et externe concernant les moyens de l’activité. Vous pourrez ainsi repérer les points forts et les points faibles de votre future entreprise.
Mais vous devez aussi examiner vos capacités pour éviter les risques liés à cette nouvelle aventure.
Bien se préparer pour la reprise d’une entreprise
Voici la première question à se poser : quel changement ce projet va apporter dans votre vie ? Vous devez notamment prévenir vos proches, car la reprise occasionnera une absence plus ou moins longue.
Lorsque vous devenez chef d’entreprise, vous n’êtes plus aux 35 heures. L’activité artisanale nécessitera un grand investissement de la part de la ou du repreneur. C’est pourquoi, chez LiveMentor, nous recommandons de mettre en place un équilibre. C’est au cœur du livre d’Alexandre Dana, Entreprendre et surtout être heureux.
Ensuite, identifiez vos forces et vos faiblesses : de quoi avez-vous besoin pour vous sentir capable de diriger une entreprise ? Faites une liste des sujets qui vous préoccupent ou des défis que vous appréhendez. Ce sont les points d’attention. Cela peut alimenter les questions que vous poserez au chef d’entreprise actuel. Vous pouvez lui demander de vous accompagner sur ces sujets durant une période de transition.
Vous pouvez également choisir de vous former à la reprise d’entreprise, la vente, le marketing digital. Nous avons déjà accompagné plus de 12 000 entrepreneurs dans leur projet.
Prenez le temps d’échanger avec le ou la cédant. Organisez des rencontres régulières pendant les mois qui précèdent la transmission. Un projet de reprise peut prendre jusqu’à 18 mois avant d’aboutir.
4. Où trouver une entreprise artisanale à reprendre ?
Il existe aujourd’hui plusieurs sites de mise en relation entre les cédants et les repreneurs.
Commencez par la Bourse nationale d’opportunités artisanales (BNOA) : ce site recense toutes les entreprises artisanales identifiées et évaluées par les Chambres des métiers et de l’artisanat. Elle offre un accès centralisé et gratuit de toutes les offres de reprise, soit près de 4 000 opportunités.
Les CMA organisent des comités d’évaluation avec des professionnels pour vérifier que les entreprises soumises sont saines. Le repreneur peut laisser ses critères de recherche et recevoir une alerte quand une entreprise y correspond.
Vous pouvez aussi consulter la banque de données du CRA, l’Association des cédants et repreneurs d’affaires : https://www.cra.asso.fr/.
Vous avez également le site généraliste transentreprise.com qui ne se limite pas aux activités artisanales.
5. Quel accompagnement possible pour la reprise d’une entreprise artisanale ?
Il est très important de bien s’entourer lorsque vous décidez de reprendre une entreprise artisanale.
Les organismes d’accompagnement à la reprise
Pour cela, vous pouvez commencer avec la Chambre des métiers et de l’artisanat de votre région. Le rôle de la CMA est justement de mettre en relation les cédants et les repreneurs. C’est un dispositif d’appui essentiel pour la cession des entreprises artisanales.
La CMA peut mettre à disposition son réseau de partenaires :
- Notaires
- Experts comptables
- Avocats spécialisés
- Et établissements bancaires
La CMA accompagne le repreneur sur l’identification de l’entreprise, sur la mise en relation avec le cédant, dans la réalisation des diagnostics de l’activité choisie et dans l’élaboration du business plan. Elle propose même un suivi après la reprise.
Vous devrez choisir un cabinet comptable pour la création du business plan et la vérification des chiffres de l’entreprise. Vous ferez aussi réaliser un audit d’acquisition pour vous assurer que la reprise se fait sur des bases saines.
Pour la signature du protocole d’accord et la transmission, vous aurez besoin d’un notaire.
Nous avons déjà parlé de l’association CRA. Ajoutons qu’elle propose une formation à la reprise.
Les aides au financement de la reprise d’entreprise
Pour vous aider à financer l’acquisition d’une activité artisanale, vous avez plusieurs possibilités. Il y a d’abord les fonds propres. En général, ils constituent 30 % du montant total de l’entreprise.
Vous pouvez aussi solliciter la love money, le capital possédé par vos proches.
Pour consulter les nombreuses aides, vous pouvez vous rendre sur le site Wizbii.
Voici les principaux dispositifs :
- L’ACRE : l’aide à la création ou à la reprise d’une entreprise, qui permet de réduire les charges sociales les premières années.
- L’ARCE : aide à la reprise et à la création d’entreprise, versée par Pôle emploi, qui consiste à recevoir ses allocations-chômage sous la forme de capital.
- La NACRE : le nouvel accompagnement à la création ou la reprise d’entreprise, une aide des régions au montage du projet de création ou de reprise d’entreprise d’une entreprise.
- La Garantie France Active, qui propose des garanties d’emprunts bancaires couvrant une partie du montant du prêt en cas de défaillance de votre entreprise. Ce dispositif facilite le recours à un emprunt auprès d’une banque.
- La Garantie transmission de la BPI, qui s’élève à 50 % du concours bancaire.
Le réseau Initiative France et le réseau Entreprendre accompagnent également la ou le repreneur sur le financement.
Enfin, vous pouvez solliciter un emprunt bancaire avec un projet professionnel et un business plan solide. Les établissements bancaires sont souvent moins frileux dans le cas d’une entreprise existante.
Conclusion : et après la reprise ?
Ce n’est pas toujours un moment facile. Le repreneur peut parfois avoir la pression de devoir faire preuve d’une efficacité immédiate. Il dispose d’un temps d’adaptation court.
Pourtant, ce qu’il faut faire à ce moment, c’est être à l’écoute : des salariés, des clients, des fournisseurs et partenaires. Et de ne pas prendre d’initiatives.
Antoine Michaux, repreneur d’une entreprise de mécanique de précision, MGV, témoigne : « Je n’ai pris aucune décision après la reprise. Et je pense que c’est la meilleure méthode pour ne pas faire d’erreur. […] L’entreprise au quotidien et les clients, on ne les connaît pas vraiment. On écoute et on ne fait rien jusqu’à ce qu’on se sente prêt. »
Et pour vous former aux 3 piliers d’une bonne reprise d’entreprise – Finance, Administratif, Croissance – il y a toujours notre formation maison. Vous disposerez de l’accompagnement d’un ou d’une mentor, qui est aussi chef d’entreprise expérimenté. 😉
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